Regardez, Sentez, Goûtez ce que vous mangez.
L’aliénation est rarement individuelle. L’aliénation est collective. Quelle soit physique, mentale, émotionnelle ou spirituelle. La racine est dans l’inconscient collectif.
Hierronymus Francken
Les pulsions alimentaires sont un exemple parmi tant d’autres.
Les achats compulsifs ont également une origine dans les habitudes collectives.
L’individu se définit par rapport à une communauté, à un groupe, à une famille.
Personne ne se développe exempt d’habitudes prises dans la petite enfance au sein de sa famille. Toute habitude, quelle qu’elle soit, est un apprentissage.
L’habitude pendant les repas de s’asseoir sur une chaise ou pas, de se taire ou pas, d’être seul ou en groupe,… s’inscrit dès la petite enfance.
Personnellement, ma mère me gavait.
Elle est issue d’une famille pauvre mais dans laquelle elle n’a manqué de rien car milieu rural et nourriture en suffisance. Cependant, le gavage fait souvent partie d’une époque où le manque a marqué toute une population. Ce manque peut-être environnemental ou politique, ceci n’a pas trop d’importance. Dans le corps se crée alors une mémoire de défense et d’anticipation fasse à une future famine potentielle. Résultat des courses, elle m’a gavé !
Soit elle avait peur que je sois chétive et ne tombe malade. Soit elle aimait les enfants joufflus, ce qui est aussi possible, croyez moi.
Plus bas sur la photo… une mère qui force sa petite fille à avaler de la nourriture. Pourquoi ? Au nom de l’esthétique culturelle !
Bref, je l’ai très mal vécu. C’était une torture.
Article : https://www.aufeminin.com/news-societe/mauritanie-les-fillettes-gavees-pour-faire-de-bonnes-epouses-s1910835.html
Le sentiment d’être violée dans mon corps. Me forcer à manger alors que je n’avais pas faim. Le sentiment d’injustice envahit tout l’être. L’enfant se demande pourquoi il doit subir une telle atrocité. Le sentiment d’impuissance. L’enfant, aussi persévérant qu’il soit, ne peut pas contrer une force motrice dix fois plus importante que la sienne. Et ma mère a été très persévérante dans son obstination à me faire avaler de la nourriture non désirée.
Tout ceci mit ensemble, j’aurai dû devenir une anorexique ou une boulimique.
Non, cependant, il est certain que j’ai développé, suite à ce trauma, des habitudes dysfonctionnelles.
Lesquelles ?
J’ai toujours eu tendance à manger plus que de raison ou à être dans l’abstinence sans en souffrir consciemment. Ne pouvant pas écouter mon corps quand il me disait qu’il en avait assez. D’ailleurs, l’écoute du corps ne me passait même pas par l’esprit car on ne m’a pas appris à le faire. Le corps obéi à une volonté mentale. Ce n’est pas lui qui fait la loi. C’est moi (qui moi ?) qui impose à mon corps des habitudes et des réflexes appris dans ma plus tendre enfance. Même si ces habitudes sont mauvaises, j’obéis à un apprentissage qui a été répété tant de fois qu’il s’est inscrit comme étant la façon normale de se comporter.
Pire comme si le plaisir se situait là exactement où le mal est apparu. Une forme de masochisme inconscient. Même si au départ, la souffrance était insoutenable, le processus de répétition fait oublier à l’individu qu’à la source, il n’était pas d’accord !
L’habitude devient norme. L’habitude devient modèle.
Comment est-ce possible ?
Se rappelle-t-on du trauma ?
Souvent le trauma est oublié et c’est la cause de la répétition évidente. Mais ce n’est pas toujours vrai. On peut se souvenir du trauma et continuer à faire quelque chose qui ne nous fait pas du bien.
Pourquoi ?
Car l’habitude, même imposée, s’est inscrite comme une solution. Ne pouvant pas faire autrement. Il fallait bien lui donner un sens.

Rodin
L’habitude s’est inscrite en tant qu’information comportementale. J’ai appris à faire comme ça alors je le fais. Et puis, j’ai fait en sorte que ça ne me fasse plus mal. J’ai donné un sens à tout ça. (ceci vaut pour tout comportement dysfonctionnel issu de la petite enfance).
Comment ça se passe dans le cerveau ?
Repris de
HUIT “CLÉS” POUR LE CHANGEMENT PERSONNEL
Bobby G. Bodenhamer, D. Min.
Traduit par Richard Parent
- Le cerveau se contente de traiter les informations en provenance du monde extérieur reçues par l’intermédiaire de nos cinq sens. Vous vivez votre monde selon ce que vous voyez, entendez, ressentez, sentez et goûtez. Et ce qui est important en neuro-sémantique, c’est que nous croyons que lorsque vous visualisez votre monde sur l’écran de votre conscient, vous faites intervenir les mêmes programmations que pour les souvenirs. Lorsque vous vous rappelez quelque chose que vous avez vu auparavant, vous vous en souvenez avec une image (Visuel). Lorsque vous vous souvenez de quelque chose que vous avez entendu auparavant, vous vous en souvenez avec des sons qui vous reviennent à l’esprit (Auditif). Même chose pour les sensations (Kinesthésique3), l’odorat (Olfactif) et le goût (Goûter). Nous désignons cela Systèmes Représentatifs ou VAKOGet ils constituent la première composante des images de notre cerveau.
- Le cerveau donne à ces images une signification en mots. J’ai donc des images, des sensations, des sons, des saveurs et des goûts dans mon esprit. Et après ? Eh bien votre cerveau ne s’arrête pas là, comme s’il s’agissait d’une catégorie distincte de pensée; le cerveau humain possède cette merveilleuse capacité de donner, avec des mots, une signification à ces images. Et ces mots sont « relatifs » à ces images composées de représentations, de sons, de sensations, d’odorat et/ou de goût.
- Le cerveau ne s’arrête pas au premier niveau de signification en mots que vous donnez à une image. Il continue à générer des pensées (principalement en mots) sur vos pensées. Le cerveau ne se limite pas à une seule pensée; il continue d’avoir des pensées sur d’autres pensées et c’est là que réside la « magie ». En neuro-sémantique, nous sommes conscients qu’aussi importante que puisse être la Représentation, il existe quelque chose de plus puissant et magique: la référence. C’est ainsi que fonctionne le cerveau. Il débute avec un événement qui sert de référence. Quelque chose se produit. Puis nous visualisons cet événement à l’écran de notre esprit avec le Système Représentatif (VAKOG). Mais notre connaissance réfléchie nous amène à développer une idée et une sensation SUR cet événement, créant ainsi notre première structure référentielle.
- Les pensées répétitives créeront des structures d’esprit subconscientes qui canaliseront notre conscient vers les cinq à neuf items sur lesquels nous pouvons nous concentrer. Ces structures d’esprit opèrent dans notre cerveau sans que nous en ayons connaissance. Notre cerveau ne se limite pas qu’à une seule pensée. Il ne cesse de générer pensée sur pensée. Une fois devenues coutumières (du domaine du subconscient), ces pensées deviennent nos Structures d’esprit – les filtres au travers desquels nous percevons le monde. Ces structures deviennent les lunettes au travers desquelles se forme notre conception du monde. Et ça ne s’arrête pas là. Nous développons structure par-dessus structure, chacune d’elles étant encastrée dans une autre.
Ces structures supérieures déterminent nos états neuro-sémantiques qui gouvernent nos schèmes de pensée, nos sensations, notre santé, nos habiletés; enfin tout. Nous avons un flot constant de pensées sur pensées, ces pensées interagissant avec notre physiologie par l’intermédiaire de notre système nerveux central.
Et de ces interactions découlent ce que nous désignons nos « états » d’être.
Et de ces « états » d’être découleront nos comportements.
Ces structures d’esprit répétitives et subconscientes deviendront notre planche de salut ou notre malédiction. Une structure de problème peut comporter des structures d’esprit du genre : «Je suis nul.» «Je ne fais jamais quoi que ce soit de correct.» «Pour que j’aie une valeur personnelle, je dois agir en fonction des autres ; je ne suis pas digne par moi-même.» Et ainsi de suite.
De telles structures prennent inévitablement racine dans notre passé, raison pour laquelle elles deviennent très inconscientes et donc difficiles à modifier par nous-mêmes, seuls.
Comment pouvons-nous faire ?
En nous « réparant » nous-mêmes, nous supprimons ces vieilles structures d’esprit en les remplaçant par de nouvelles structures d’esprit qui nous seront bien plus favorables.
Auteur
Bobby G. Bodenhamer, D.Min.
The Institute of Neuro-Semantics
1516 Cecelia Dr
Gastonia, NC 28054

Hippolyte Flandrin
Que faire donc ?
Bien sûr comme le dit bien ce Professeur, il est bon, un certain moment, de se faire aider. Car seul, il est parfois très difficile de défaire quelque chose qui a priori fait sens. Car comme il l’explique bien, un comportement en engendre un autre, qui en engendre un autre, et ainsi de suite… jusqu’à qu’on ne sache plus d’où vient le comportement final. Celui-ci se situe tout près de notre conscience et il est visible, mais l’autre à la source ne l’est plus.
Il faudra suivre un fil pour y arriver… Serait-ce le fil d’Ariane pour sortir du labyrinthe ?
En ce qui me concerne, j’ai beaucoup consulté pour un tas de choses mais pas pour le problème que j’expose dans cet article. J’estimais que c’était un problème gérable. Je n’ai été ni boulimique ni anorexique. Je faisais très attention à mon alimentation. Je me suis intéressée à la Macrobiotique. J’ai suivi des préceptes très stricts pendant toute une période. Et mon poids a été stable pendant au moins 30 ans. J’étais mince et en apparence bien dans ma peau.
Hors et paradoxalement, je me voyais grosse alors que je ne l’étais pas. Et j’ai toujours été anxieuse par rapport à mon poids même quand il n’y avait aucune raison de l’être.
On voit bien un problème mais on ne le considère pas comme un problème alors qu’il vous mine l’existence entière !
Quel paradoxe, n’est-ce pas.
Il a fallu que je tombe enceinte et que je prenne 30 kilos (30 kilos … 30 ans) pour voir à quel point j’étais grosse. Pour que mon mental soit enfin en phase avec ce corps.

Auguste Renoir
Pendant la grossesse, je me suis permise de tout manger en abondance et en me sentant tout à fait bien. Comme si la grossesse légitimait l’augmentation excessive d’absorption de nourriture. Non, vous pouvez avoir des envies mais avoir envie de manger tout le temps ! Non, je n’avais pas forcément faim mais je me forçais à manger beaucoup au début. Puis comme mon estomac s’y habituait (toujours cette fichu adaptation qui est au départ la plus haute forme d’intelligence) et bien j’ai mangé de plus en plus jusqu’à prendre 30 kilos.
Oui, je sais, je ne suis pas la seule à vivre cela. Mais fort est de constater que ce n’est pas une évidence pour tout le monde.
Pendant la grossesse, je me sentais très bien puisque j’avais développé en moi une justification. J’étais le Bouddha de l’abondance. Et j’y ai ajouté ceci : je perdrai tout après.
Et bien 10 ans après je n’ai retrouvé ni le poids d’origine ni le sentiment d’avoir trouver un équilibre satisfaisant.
Vient s’ajouter à cela la pré ménopause qui avec ses turbulences hormonales, bloque tout le système : gonflements, rétentions, blocages digestifs, blocages tout court.
Je vois mon corps se transformer. Gonfler. Se détendre. S’étendre. Et quoi que je fasse, quoi que je mange, quoi que j’entreprenne comme exercice physique, ce corps est en pleine mutation. Il ne m’écoute pas. Je ne l’entends pas. Je ne le comprends pas. Tout m’échappe. Au secours.
Des mois passent à prendre tel jus vert, à manger telle salade, à ne pas manger le soir, à essayer de réduire la quantité absorbée, à aménager d’autres programmes alimentaires. Rien n’y fait, ce corps est en souffrance. Je le sens. A chaque fois que j’absorbe de la nourriture, il souffre. Quand bien même je n’en absorbe pas, il souffre aussi. Et en le regardant, c’est tout mon être qui souffre.
J’ai eu alors ce qu’on appelle un éclair dans mon esprit. Un jour, j’ai entendu cette phrase à l’intérieure de moi : « Ah, tu ne t’ai pas cru capable ».
J’entends dans cette phrase : Tu ne t’ai pas cru capable de te prendre en main. De t’écouter et de faire ce qu’il faut en accord avec toi, avec ton corps, avec ton être.
A partir de ce moment-là, les idées se sont succédé. J’ai pensé au jeûne pour commencer. Je me suis préparée à jeûner pendant 3 jours. J’ai mis un programme de 4 jours en place pour y arriver (que des légumes, peu et surtout pas en soirée).
Les 3 jours arrivent.
Premier jour, je ne jeûne pas complètement. Je bois mais ceci était pour moi une évidence. Je ne me coupais pas de liquide mais plutôt de solide. Et je mange 3 galettes et une pomme sur la journée. Plusieurs tasses d’eau chaude. Et je bois mon café au lait de soja le matin. Attention Ceci n’est pas une recette mais le récit de mon expérience. Chacun doit suivre son chemin. Chacun est responsable de ses actes et de ses décisions.
Deuxième jour, pareil et troisième jour idem…
Pendant ces trois jours, plein d’informations m’arrivent par vague. L’aliénation alimentaire collective. Combien nous mangeons pour nous réconforter, pour combler un manque, par habitude,… combien nous mangeons trop, combien nous mangeons sans conscience,…
« Tu es ce que tu manges » dit le maître Zen.
Si nous prenions conscience collectivement de cette affirmation, nous ne mangerions plus de viande de bêtes confinées. Nous sommes devenus ce que nous mangeons. Des bêtes confinées. Nous grossissons car nous mangeons trop et mal. Nous ne mangeons pas du tout avec conscience… tout est emballé, préparé, découpé, recomposé,…
Regardez ce que vous faites tout le temps. Vous vous rendrez compte de ce qui se passe.
Bref, je me suis rendue compte que ma conscience était en train de s’élargir et de comprendre toute une série de choses que je connaissais déjà mais que j’avais oubliée d’appliquer depuis un bon bout de temps. J’avais perdu le chemin.
Mon jeûne (qui n’est pas un jeûne stricto sensu) m’a révélé beaucoup de choses. Mon corps a pu enfin se reposer. J’ai dû attendre au moins 5 jours pour ressentir que tout circulait en moi. Oui, car au final je ne me suis pas arrêtée à 3 jours. Je n’avais littéralement pas faim. Je ne faisais aucun effort. Tout me semblait naturel et normal. J’avais récupéré mon corps. On se parlait. On commençait à devenir ami. Je me trouvais sur un chemin qui je sentais, allait prendre du temps. Mais ce temps m’était enfin donné pour m’accorder avec ce corps.
Accorder corps, émotions, mental et esprit. Tel est le chemin.
Tout est aligné quand l’accord est parfait. Quand l’écoute est dans toutes les directions. Quand rien n’est laissé pour compte. Tout est entendu car tout est ouvert et compatissant, aimant et respectueux.
TO BE CONTINUED…
Xanthippe Lazaridis
30 avril 2020
PS : L’histoire n’est pas terminée. J’écrirai encore. Surtout sur l’intelligence du corps. Peut-être est-ce plus que jamais le moment d’en parler.