J’ai toujours dit autour de moi que j’avais manqué d’espace étant petite. En effet sur le plan concret, c’est un fait. Pas de chambre à moi et comme seul terrain de jeu (en dehors de la rue avec mes copines, ce qui était génial) une salle de séjour qui était en même temps le salon, la cuisine et la salle à manger. Ah oui, je pouvais aussi jouer dans les escaliers du corridor.
Dans cette salle de séjour, je n’avais pas beaucoup de marche de manœuvre. Ma mère qui était toujours présente vaquait à ses occupations préférées, le ménage. Elle n’arrêtait pas de bouger, sans cesse.
Je n’ai pas le sentiment que cela me dérangeait. Je n’en ai pas le souvenir en tout cas. Tout ce dont je me rappelle, c’est qu’elle chantonnait et bougeait sans discontinuer.
Moi à l’inverse, j’étais plutôt statique. Pas immobile comme une bougie mais comme une personne plutôt tranquille, très tranquille.

Je me vois assise sur le petit sofa avec une petite poupée à la main. Je me vois dans les escaliers à me raconter des histoires. Je me vois surtout assise dans un vide sidéral tranquille et paisible. Bien sûr, je vois aussi des moments où je m’ennuie d’être seule. Mais j’ai de temps en temps une amie qui vient jouer avec moi. Sinon, c’est en général moi avec moi et ma maman avec elle-même toujours occupée à faire…
J’écris ces quelques souvenirs alors que je suis dans une retraite de silence de 10 jours. C’est mon dixième jour. Je rentre demain.
J’écris car je me demande si ma plainte d’avoir manqué d’espace petite n’était pas une bénédiction ?
J’ai vécu ma première retraite de silence à 26 ans. Je n’ai pas arrêté d’en faire depuis.
J’aime me retrouver seule coupée de tout et de tous à la rencontre du silence intérieur.
Le silence n’est pas extérieur mais intérieur.
On peut être dans le silence intérieure tout en vivant en ville ou en vivant avec d’autres personnes. Mais ce n’est évidemment pas simple, ni facile.
Ce que nous constatons, c’est la perte de ce silence car nous allons sans cesse vers des activités tellement attrayantes. Et cet « extérieur » n’arrête pas de nous en proposer encore plus tout le temps.
Le mental en est friand !
Il faut être sacrément fort pour ne pas succomber. Ou du moins, se donner un « autre objectif » que le simple fait de jouir des objets extérieurs. C’est ce deuxième chemin que je choisis depuis toujours.
En effet, être au cœur de la ville…
Et quand je dis au cœur de la ville, c’est bien le centre, centre. On ne peut pas être plus au centre, Anderlecht, gare du midi, et ce, depuis ma naissance !? Quand je vous disais que je ne bougeais pas !…
Et suivre un chemin de silence intérieur ? Est-ce compatible avec cela ?
Je pense que le chemin intérieur est particulier à chacun.
Ma recherche intérieure aurait été plus simple si j’étais rentrée dans les ordres ? … non, je ne pense pas. Pourquoi ? Car il y des règles avec lesquelles je n’aurais peut-être pas été d’accord. D’abord, j’aime la solitude. Vivre en communauté m’effraie un peu. J’aurais le sentiment d’être envahie tout le temps. De toute façon, je n’ai aucun droit de parler de ce que je ne vis pas. Comment le pourrais-je ? Je n’ai pas essayé ce mode de vie ou même un autre. Ma vie s’est imposée à moi. Je n’ai nullement l’impression d’avoir choisi quoi que ce soit. Les choses se mettent en place et je suis le mouvement de manière spontanée. Il n’est pas prédéterminé à l’avance. Ce n’est pas du tout ce que je veux dire. Mais nous avons des tendances qui nous font prendre telle ou telle artère selon ce qui se présente. Et ce qui se présente est l’écho de notre résonance intérieure.
La quête de silence intérieur s’est fait entendre très tôt chez moi, depuis ma plus tendre enfance. Elle a toujours été une évidence. Cependant, il m’a fallu beaucoup de temps pour le conscientiser et m’y atteler.
J’ai pourtant tendu vers cela tout naturellement à travers mes activités et mes expériences. Mais je pensais que c’était un chemin de recherche commun. Comme nous pouvons tous en avoir à travers nos croyances ou notre foi en une religion, une collectivité, un sage, un être réalisé,…
Nous avons en effet tous un chemin si particulier ! Et surtout quand il s’agit de spiritualité. Ce chemin est intérieur, et l’espace qui se crée ou qui doit plutôt être reconquit ou redécouvert, est tellement vaste que les mots sont introuvables car indescriptible.
L’espace est notre nature véridique disent les écritures védiques.

Nous sommes l’espace infini. Whouaou ! Fantastique. Et comment parvenir à réaliser cela ?
Et bien des méthodes il y en a quelques unes… car dans toutes les traditions l’accent a été mis sur le développement de l’être. Nous pouvons apprendre à travers les religions, le chamanisme, les différentes voix spirituelles,… Dans toutes les sources anciennes, la réalisation de l’être intérieur a été un défit, une ouverture et un accomplissement en tant qu’être humain.
Nous pouvons voir 2 grands courants en tant que démarches :
– l’une est la dévotion
– l’autre est la recherche intérieure
– ou les deux à la fois
La dévotion
La dévotion consiste à se donner corps et âme à une figure d’autorité qui représente pour vous la quintessence de la réalisation en tant qu’être humain.
Parfois même cette figure humaine est déifiée.
Par exemple
- La foi en Bouddha, au Christ, à Krishna, à Allah,…
- La foi à une religion : le taoïsme, le confucianisme, l’hindouisme avec chacun leurs dieux,…
- La foi à une pratique plus traditionnelle et ancienne comme le chamanisme et ses officiants qui ont aussi leurs dieux,… ou qui se relient à l’espace infini.
- La foi à un représentant d’un courant, une personne faisant autorité sur le chemin de la réalisation :
On appellera cette personne un guru en Inde, un chaman en Amérique du Sud, un prêtre charismatique en Occident,…
Bref, la dévotion est un abandon total de votre personne dans les mains d’une figure d’autorité pourvue de toutes les qualités pouvant vous procurer protection, Amour, compréhension, accompagnement, connaissance,… Et avec laquelle vous pourrez cheminer vers votre propre réalisation ou réaliser l’expérience du divin en toute chose.
Le chemin spirituel (comme je l’ai dit plus haut) n’est pas de réaliser uniquement le silence intérieur, ou de trouver l’espace infini, ou même de faire des retraites de silence.
Il y a autant de chemin que d’être humain !
La recherche intérieure
En ce qui concerne le chemin de la recherche intérieure, ce n’est pas difficile à expliquer. En fait dans l’ensemble, même si plusieurs traditions en parlent, il n’y a qu’une seule méthode !
C’est l’assise silencieuse le regard tourné vers l’intérieur pour aller à la rencontre de notre être véritable en utilisant notre mental comme tremplin.
Qui est notre être véritable ? C’est l’être qu’on appelle l’âme ou l’esprit individuel qui est en lien et plus précisément contenu dans « Dieu, le Tao, le Grand Esprit, l’Espace Infini,… ».
C’est un travail méticuleux et ambitieux de dé-tricotage des mailles de l’esprit individuel.
Plusieurs techniques ont été rapportées pour nous aider sur ce chemin. En sachant que le chemin est la plus belle aventure que vous puissiez vous offrir dans cette vie. C’est ce qui vous permet de jouir de cette vie. Le chemin spirituel est le plus beau chemin à mes yeux. Chacun a se droit de naissance et cette liberté d’y avoir accès où qu’il se trouve.
J’ai, à travers mes recherches, trouvé mes préférences. Même si mon choix a clairement été la recherche, la dévotion à l’une ou l’autre déité permet d’avoir des balises.
Ne va pas qui veut sur ce chemin sans avoir des alliés, des phares, des protections, des maîtres ou des guides !
Celui qui va bonne enfant sans très bien comprendre ce qu’il entreprend aura un jour ou l’autre le retour de bâton voir même la folie qui frappe à sa porte.
Bien entendu qu’il faut suivre l’une ou l’autre voie en connaissance de cause… car vous y aller corps et âme. Vous faites des choix tout le long du chemin ! Il ne s’agit pas d’un voyage de plaisance aux Bahamas. Non, non ! Il s’agit de votre esprit, de votre mental, de vos émotions et de votre corps ! Tout y passe. Absolument tout.
Gare à ceux qui en font un terrain de jeux à l’affût de pouvoir de toutes sortes. Je vous fais peur. Tant mieux.
Les chemins de la spiritualité ne sont pas des chemins de vacances à la recherche de bien-être. C’est un chemin de conviction et surtout d’engagement.
En résumé
La spiritualité pour les nuls, ça n’existe pas.
Informez-vous consciencieusement avant de vous y engager.
La porte est toutefois ouverte à tous.
Et pour moi, il n’y a pas de vie sans spiritualité.
Xanthippe Lazaridis
25 septembre 2020